Travail De l’herbe sur les silos, plutôt que du pétrole
L’utilisation d’une couverture végétale sur les silo-couloirs d’ensilage de maïs de plus de 2 m de haut semble être une alternative à l’utilisation de bâches et de pneumatiques usagés. Une étude menée en Saône-et-Loire vient en préciser les modalités et l’impact sanitaire et économique.
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« Dans les campagnes, de plus en plus d’éleveurs ont recours à la couverture végétale sur les silo-couloirs d’ensilage. »(© Terre-net Média) |
L’ensilage qui est sous cette couche est distribué dans son intégralité.
Evaluer les pertes quantitatives et qualitatives de l’ensilage
« Pour évaluer l’efficacité réelle de cette technique et ses impacts sanitaires et économiques, nous avons mis en place un protocole d’observation avec pour objectif d’évaluer les pertes en quantité et en qualité de l’ensilage, le temps passé, la pénibilité et les effets sur la production et la qualité du lait », expliquait en décembre dernier Denis Chapuis (Chambre d’agriculture 71), à l’occasion des rencontres 3R à Paris. Dans le détail, l’étude porte sur 10 silos, suivis dans 7 exploitations de Saône-et-Loire qui ont recours à cette méthode depuis plusieurs années (entre 2 et 10 ans). Le silo de référence est un silo de 780 m3 et de 2,80 m de haut.
Temps de manipulationL’argument principal mis en avant par les éleveurs utilisant cette technique de la couverture végétale est sans conteste une réduction de la pénibilité du travail en raison de l’arrêt de manipulation de pneus ou de bâches.D’autres éleveurs mettent également en avant la vitesse de fin de chantier : « la couverture végétale ne nécessite environ que 3 h et un homme seul, contre 3,5 heures à quatre personnes pour un silo bâché équivalent », précise Denis Chapuis (Chambre d’agriculture 71). Par contre, le temps de découverture est identique (hors gestion des pneus), avec en moyenne 30 mn/semaine. |
La qualité de l’ensilage est bien entendu suivie (mesure pH sur les tiers haut et bas du silo), de même que la valeur alimentaire de cet ensilage et les teneurs en spores butyriques. Un relevé des productions mensuelles et des critères de qualité du lait vient également compléter l’étude, de même qu’une enquête auprès des éleveurs (modalité de mise en œuvre, points forts et faibles de cette technique).
Des silos moins protégé du climat
Les résultats montrent que les pertes de matière sèche du sol sont en moyenne de 1,8% de la MS du silo, soit environ 72 kg MS/m3. « On note également que ces pertes sont deux fois plus importantes sur les parties en pente, ce qui porte le taux de perte globale de 04, à 0,6% », détaillait Denis Chapuis. Sous la couverture végétale, la partie haute des silos est moins tamponnées (plus froide l’hiver de -3°C, plus chaude l’été de +4,6°C) et plus humide (-3,7% MS). « Le pH est également plus élevé avec 3,7 contre 3,5. » Au niveau visuel, les 20 à 40 premiers centimètres du front d’attaque ont une couleur orangée, « sans odeur ni texture particulière ». La couverture végétale n’amène par ailleurs aucun risque moisissure supplémentaire « puisqu’aucun développement de moisissures n’a été observé sur les fronts d’attaque, ni dans la masse des silos ».
Généralement plus faible dans la partie haute
Au niveau qualitatif, les analyses indiquent que les valeurs alimentaires de la partie haute sont systématiquement plus faibles que celles de la partie basse (de -5 à -12%) avec respectivement : 0,88 Ufl et 41 Pdin contre 0,92 Ufl et 54 Pdin. Par contre, le nombre de spores butyriques est très variable, mais en moyenne très nettement plus élevée dans la partie haute (23 280 spores/g vs 3343 sp./g). « Nous avons eu des difficulté à préciser l’évolution de la production et de la qualité du lait dans la mesure où aucune des exploitations n’avait de silo témoin bâché. Toutefois, sur trois élevages, nous avons pu suivre le passage d’un silo bâché à un silo sous couverture végétale. On constate un quasi doublement du nombre de spores par litre entre les deux périodes. » Au niveau des coûts enfin, le coût de MS a été évalué à 0,65 €/m3 sous couverture végétale, contre 0,29 €/m3 sous bâche. Par contre, en termes de temps, les résultats sont en faveur de la couverture végétale puisque l’éleveur ne passe que 18 h/an, soit environ 0,77 €/m3.
Un surcoût accepté
« L’étude semble confirmer les avantages du silo végétal en termes de temps de manutention et dans l’intégration paysagère. Par contre, elle en précise aussi les limites : ainsi, elle s’adresse principalement au silo couloir de plus de 2,5 m de haut, pour limiter les pertes de matières sèches constatées. Enfin, l’étude montre qu’un travail soigné est nécessaire pour maîtriser le développement des spores butyriques, en particulier au moment de la récolte et du tassement du silo. » A noter également que les élevages utilisant cette technique sont de taille importante (quota moyen de 740 000 l, 105 vaches laitières). Enfin, on ne relève aucun problème d’appétence ou sanitaire sur les troupeaux, et « l’absence de résidus (bâche ou pneu) dans l’ensilage est également mis en avant par les éleveurs ». Compte tenu de l’ensemble de ces éléments, le surcout lié à cette technique (lié à la perte de MS) est jugé acceptable par les éleveurs qui préfèrent mettre en avant le gain de temps et de pénibilité.
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